mardi 8 novembre 2011

Ce qu'on y mange, ce qu'on y boit, ce qu'on y mache, ce qu'on y fume


Meme Google trads n'aurait pas pu le faire...
Et voila la meilleure partie de l'histoire : Il s'avere qu'on mange en Ethiopie de tres bons burgers (parfois) et d'excellents sandwiches a etages multiples. En effet, au meme titre que les Ethiopiens considerent le building comme un sommet de modernite et de civilisation, ils ne rechignent pas devant l'edification de gratte-ciels culinaires dont ceci n'est qu'un bien maigre exemple.

Voici le fameux burger "boeuf-jambon-fromage" du Sisi burger de Mekelle
Mais n'exagerons rien, le must du must reste encore l'injera, cette grande galette de ble ou de tef legerement acide qui sert a "saucer" de petits tas de nourriture au centre, d'une variete telle qu'il est ici quasiment impossible de souffrir de carences alimentaires : viandes, lentilles de toutes les couleurs, haricots, pois, epinards, oeuf, fromage, et j'en passe... Tout ceci est delicieusement marine, prepare, epice, presente, et il faut alors rivaliser d'adresse pour decouper, a l'aide de sa seule main droite, un morceau d'injera pour ensuite aller, toujours avec une seule main, picorer dans tous les petits tas de sauces et remplir son morceau de galette.
Les mercredi et vendredi, on jeune, on ne mange ni viande, ni d'oeufs, et l'injera est completement vegetarienne, ce qui fait de l'Ethiopie un repaire de vegetariens, puisque certains fervents religieux vont jusqu'a jeuner 250 jours par an.
La nourriture des jours de jeune s'appelle "fasting food", ce qui n'a decidement rien a voir du tout avec notre MacDo et autres Quick. C'est aussi riche et bien prepare que les autres jours, et lentilles et autres pois divers et varies compensent largement l'absence de viande ou d'oeufs.

Fasting-food du genial Yod Restaurant d'Addis - mieux vaut reserver a l'avance...
Colonises durant 5 ans seulement par les fascistes italiens, les Ethiopiens ont eu le bon gout de n'en garder que le meilleur ; c'est ainsi qu'on peut manger en Ethiopie les pates les mieux cuisinees du monde apres l'Italie, c'est-a-dire le genre de pates qu'on pourrait presque envisager de deguster sans sauce ou  accompagnement tant elles sont divinement cuites et salees a point.


Parfois, certains restaurants ne proposent que deux ou trois plats, le plus courant et souvent le moins cher, c'est le "Tibbs", une injera accompagnee de viande grillee, parfois saupoudree de piment (attention ici les lamelles vertes, c'est rarement du poivron). Souvent la viande n'est pas de la meilleure qualite et manger du tibbs une fois par jour ca finit serieusement par vous porter sur le systeme, sinon sur l'estomac. Cela dit, lorsque le personnel ne pique pas un mot d'anglais, le "tibbs" est souvent le seul mot sur lequel touristes et ethiopiens parviennent a s'entendre...

Parfois on vous propose, pour le plaisir des yeux, un origami d'injera, a quand un grand concours de pliage de galettes bretonnes...

Un grand classique egalement, le "shiro", une bouillie chaude de pois, pois chiches ou haricots secs rotis, epluches puis moulus, prpares dans une sauce au gingembre et autres epices secretes, que l'on verse sur une injera ou que l'on mange avec du pain (pour ceux que l'injera commencerait a fatiguer). C'est pas leger-leger mais c'est tout de meme excellent.


Dans la rubrique "J'aime l'Ethiopie", il y a surtout le cafe. N'essayez pas de leur faire entendre que ce serait une autre reminiscence de l'invasion italienne, attention : Le cafe c'est ethiopien, ils l'ont pense, voulu, invente, torrefie, moulu, prepare avant tout le monde, puis ont eu la generosite de partager avec les autres. Mais que cette question de paternite ou de maternite du cafe soit bien claire, c'est ici que ca a commence...


Le cafe, c'est donc toute une histoire, et meme toute une ceremonie, ou les femmes officient, assises sur de petits tabourets, versant le cafe d'un geste assez elegant dans des petites tasses sans anse. On brule de l'encens et on utilise une sorte de pot en terre pour chauffer le cafe sur un recipient rempli de braises. On sert du pop corn, qui se marie etonnamment bien avec le cafe, si celui-ci est sucre en particulier.


Preuve ultime, s'il en etait besoin, d'un sens aigu des bonnes choses, les Ethiopiens boivent leur cafe tres sucre, et aiment passer du temps a glandouiller en terrasse en sirotantde l'eau gazeuse, des bieres et des cappuccino ou macchiato qui sont vraiment une reussite locale surprenante.


Dans le champ des liquides, outre que les bieres ethiopiennes soutiennent largement la comparaison avec les bieres francaises (plus difficilement avec les allemandes et les belges, mais ne chipotons pas), et que leur vin est une immondice sans nom qui vous donne l'impression qu'un mome de 4 ans s'est amuse a melanger du jus de raisin, de l'eau, du sucre, de l'alcool et beaucoup de sulfites pour rigoler et vous rendre malade des le deuxieme verre, les jus de fruits ont la cote, et j'aime bien le "mix" : goyave, avocat et papaye, ce sont des jus qui se mangent plutot qu'ils ne se boivent et on vous donne souvent une cuiller pour venir a bout de l'etage de l'avocat parce que sinon tout reste coince dans la paille et on s'etouffe.



Dans la rubrique "chique", il y a le "khat", prononcer "tchat", comme sur msn. Cette drogue dite douce est l'un des premiers produits d'exportation de l'Ethiopie, bien que cette drogue soit illegale. Le "khat" est omnipresent dans l'est, et au sein la population estudiantine de tout le pays. Ce sont les feuilles d'un arbuste, ameres, que l'on chique, parfois quotidiennement, l'apres-midi, en mangeant ds cacahuetes qui attenuent l'amertume des feuilles. Je n'ai meme pas touche du bout des levres le quart d'une seule feuille tant cette amertume est repulsive.

Dans l'est, on chique partout, tout les jours, parfois toute la journee, dans la rue ou dans des bars specialises, salles confortables equipees de matelas ou l'on fume ds chichas, des cigarettes et ou l'on chique.
Une salle a khat a Mekelle
Le khat est repute avoir des effets vertueux sur la concentration, raison pour laquelle il connait un grand succes aupres de la population estudiantine, en particulier en periode d'examens. Personnellement, j'ai surtout constate que certaines personnes commencaient a raconter n'importe quoi sans vous ecouter au bout d'une heure ou deux. Il parait que le khat annihile la sensation du monde exterieur, reduit la perception des sens (ouie, etc.) et permet donc de mieux se concentrer. 
Dans les faits, j'ai surtout ete confrontee a des gens completement ravages dans la rue, khattant toute la journee, ou du moins des 14h environ, car l'apres-midi est consacree au khat, du moins dans l'est, a Harar en particulier.
Indirectement, le khat est aussi une catastrophe par ses effets secondaires : augmentation de la consommation de tabac et d'alcool, necessaire pour annihiler les effets du khat et pouvoir dormir.
Au vu des dents des consommateurs reguliers de khat, je dirais en outre que c'est pas super pour les gencives et l'email. Et enfin, apres de longues heures de machouille et rumination avec sa boule de khat coincee dans la joue, les yeux brillants, injectes de sang et les depots verdatres sur les dents et les levres donnent carrement l'impression de se promener dans "la nuit des morts-vivants".
Terminons par deux bonnes surpises: La "flavoured Ambo", eau gazeuse aromatisee au citron, orange, pomme ou ananas, aromes tous plus chimiques les uns que les autres, qui a un vague gout de limonade, et dont j'ai fait ma boisson fetiche par ici. J'ai meme participe a un jeu-concours pour gagner un an de "flavoured ambo" gratuite afin d'en entamer la commercialisation en France... Sucre, chimique, frais, j'adore.

Ambo pomme, tu vas me manquer...
Et enfin, mes compagnes de voyage, les fameuses Nyala, clopes locales a 10 birrs (45 centimes d'euro) qui se sont averees a ma grande surprise parfaitement fumables tout au long de mon sejour.
Le seul probleme, ce sont ces paquets mous qui se renversent dans votre sac, et je me suis regulierement battue avec des monceaux de cigarettes cassees deversant leur tabac au fond de mon sac.

 
 Qu'importe, les Nyala, quand on a la technique du paquet mou, c'est une option tout a fait possible...

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