samedi 29 octobre 2011

Point info-tourisme 3


Le Lac Tana est l'une des sources du Nil Bleu, qui va rejoindre, au Soudan, le Nil Blanc, issu, sans rentrer dans les details, du Lac Victoria, ces deux fleuves (qui ne sont donc, litteralement, que des rivieres) donnant naissance au Nil proprement dit.

A une heure a l'est de Bahar Dar, les chutes du Nil Bleu sont un lieu sublime, surtout en cette periode de fin de saison des pluies, lorsque le fleuve donne sa pleine puissance et que le barrage hydraulique en amont ne reduit pas le debit a un filet ridicule.


Le Nil Bleu fournissant environ 80% du debit des eaux du Nil, l'enjeu strategique est considerable pour tous les pays en aval, le Soudan et l'Egypte en particulier, car l'Ethiopie a en quelque sorte le robinet principal entre ses mains. Je ne vais pas rentrer ici dans les details, mais si des accords ont ete conclus entre les 10 pays du bassin du Nil (Nil Blanc, Nil Bleu et Nil proprement dit) pour la repartition de l'usage des eaux du fleuve, ces accords sont contestes, car l'expansion demographique tres rapide, la volonte de certains pays - dont l'Ethiopie - d'utiliser de facon plus intensive le Nil pour la production d'electricite et l'irrigation, les changements climatiques et la relative hegemonie de l'Egypte sur ces eaux, provoquent des tensions, pour l'instant regulees, mais qui pourraient s'aggraver dans les annees a venir, car l'Egypte, totalement dependante des eaux du Nil pour sa survie, est prete a tout, y compris a la lutte armee (qu'elle a deja pratiquee contre le Soudan) pour preserver cette ressource.


Mises a part ces considerations geopolitiques embryonnaires, c'est un lieu sublime qui n'a rien a envier aux chutes du Niagara car, si elles sont moins gigantesques et moins puissantes, elles ont l'avantage de ne pas etre encerclees par un mur d'hotels de luxe et d'infrastructures touristiques clinquantes et scintillantes de neons stupides.







mardi 25 octobre 2011

Point info-tourisme, 2

Aprèsavoir explore Gondar, je suis descendue en bus a Bahar Dar, capitale de la région Amhara, avec Kathie, ma copine américaine. Ce n’était pas ma destination a l'origine, mais Kathie a eu raison de mon programme en m'amadouant avec de la crème anti-moustiques distribuée généreusement a la fin de chaque journée.

Bahar Dar a ceci de particulier qu'elle est située qu bord du lac Tana, le plus grand lac d'Ethiopie, et que ses berges et les myriades d'iles qui le composent hébergent une quarantaine de monastères, et quelques groupes d'hippopotames, dont je n'ai malheureusement pu apercevoir qu'une moitie d'oreille et un souffle rageur a 200 métres...



Le lac et les monastères s'explorent en bateau, occasion rêvée pour l'arnaque des touristes, ce qui fut d'ailleurs notre cas le premier jour, car il ne faut jamais être pressé par ici, c'est la meilleure façon de se faire rouler dans la farine. (Si d'ailleurs quelqu'un a d'aventure l'occasion d'avoir affaire a un type qui se fait appeler Abel et rabat son poisson du cote de l’hôtel Bahar Dar, donnez-lui une claque sonore et douloureuse de ma part...)


L'histoire veut que les monastères du lac aient été construits entre le XIVeme et le XVIeme siecle, mais la légende nous dit que l'un des monastères du lac aurait hébergé les Tables de Lois lorsque Menelik a rapporte l'Arche d'Alliance en Ethiopie après l'avoir volée - ou "empruntée"- a son père Salomon (le détail de cette histoire sera conté dans un prochain chapitre axoumite), c'est-a-dire vers le Xeme siècle avant J.C.

Tout ceci fait de ce lieu un pôle de bigoterie orthodoxe tout particulier, d'autant que les monastères, protégés par la jungle de ces îles a la végétation luxuriante, ont été un pôle défensif de résistance du christianisme éthiopien contre les nombreuses attaques prosélytes et musclées des musulmans (ceci explique également pourquoi tant d’églises et monastères sont perchés dans les recoins de montagnes inaccessibles). Des milliers de gens vivent en communauté dans ces îles, selon un mode de vie très traditionnel et religieux, a proximité des monastères. Ils travaillent bénévolement pour l’église, en construisant par exemple le nouveau musée du monastère Ure Kidane, dont je doute que les habitants voient un jour la couleur de l'argent récolté par les prêtres grâce aux entrées vendues aux touristes a des prix tout ce qu'il y a de plus occidental.

Bref.

Les monastères et églises ont tous la même forme ronde de l’extérieur, reconnaissable entre toutes.

















Une première entrée donne sur un chemin circulaire couvert, en terre battue recouverte de tapis bariolés ou de papyrus tressés.



Ure Kidane

Puis s'ouvre une deuxième entrée, souvent sous la forme d'une porte monumentale en bois, sculptée par endroits.




Cette porte mène a l’intérieur de l’église proprement dite, encerclant le cœur, de forme carrée, richement décoré, sculpté ou peint, de l’extérieur et parfois de l’intérieur.

Cette structure entoure le saint des saints, espace réservé aux prêtres et a certaines personnes particulières, abritant les 'Tabot' - reproductions des Tables de lois- et objets du culte.


L'art éthiopien est très spécifique, surtout avant le début des échanges commerciaux intensifs avec les Portugais, qui ont également influence leur peinture, quoiqu'en des proportions restreintes.

Sur la fresque ci-dessous, a gauche, le style d'avant les Portugais, et sur la droite, le style d’après, vous remarquerez que les visages sont devenus blancs....


Mais ces visites ont surtout été l'occasion de découvrir les histoires incroyables des orthodoxes, qui croient non seulement dans la Bible, mais également dans 44 textes chrétiens supplémentaires, non reconnus par les autres chrétiens, ce qui donne une couleur très particulière aux récits qu'ils font de leurs légendes religieuses.

Bible en peau de chèvre écrite en Guèze, la langue sémitique qui n'est plus utilisée que par les religieux
Sans parler des légendes et croyances propres a l'Ethiopie, réunies dans un recueil qui s'appelle le Kebra Negast -La gloire des rois- et (re)constitue l'histoire légendaire du royaume d'Abyssinie.

La prochaine fois je vous raconterai l'histoire de l'homme cannibale, elle est pas mal. 



Les prêtres d'ici, beaucoup plus présents que chez nous, guettent les photographes amateurs et monnaient leur présence dans le cadre, en demandant une obole pour eux, et une obole pour le tronc de l’église. Ils ont l’œil vif mais je dégaine vite... Celui de droite, plongé dans un livre, ne lit pas vraiment mais nous surveille du coin de ses lunettes, et a exactement les memes mimiques hilarantes que de Funes dans La folie des grandeurs, plie en 8, le nez sur le tapis, le sourire affable, "Messeigneurs, Messeigneurs, hinhinhinhinhin, pensez-aux cuuuuulte", en vous tirant par la manche, penchant la tête sur le côté en faisant le pitoyable...

Pour finir, nous sommes rentres en bateau a travers des méandres bordes de papyrus, mais j'ai résisté a l'envie d'en cueillir, car même si c'est particulièrement leger, je me vois mal rapporter ca dans l'avion, et je doute qu'une plantation de papyrus dans une mare normande ait franchement de l'avenir.



Enfin, et la boucle sera bouclée pour aujourd'hui (je fais mon maximum, ma mère est toujours clouée au lit), le bateau nous a déposés directement a l’embarcadère de de l’hôtel Ghion, dont la terrasse est le plus merveilleux endroit de l'univers, lorsque l'on dispose d'une bonne lotion anti-moustique car elle donne directement sur le lac. 

Kathie a beaucoup de qualités, mais question éclairage, merci bien...


lundi 24 octobre 2011

Homosexualite et Ethiopie

Un oeil naif pourrait a premiere vue envisager l'Ethiopie comme un pays ouvert, puisque on croise dans la rue des garcons se tenant par la main, les doigts entrelaces (pas les filles, ou rarement), se prenant par la taille, s'enlacant, parfois par grappes de trois ou quatre... Si ces manifestations d'amitie sont nettement plus poussees qu'en Europe, voire meme que dans les pays du Maghreb, l'homosexualite reste ici un crime punissable par la loi, meme si on a tente de me faire croire (sans succes) qu'en realite la societe est aujourd'hui plus tolerante et qu'il n'arrive rien aux personnes se declarant homosexuelles, ce a quoi j'ai repondu "Ah, et donc vous connaissez beaucoup de gens autour de vous qui ont fait leur coming out?", ce a quoi on m'a repondu d'un air debile de cretinisme avance "Ah non, personne, mais je suis sur que ca se passerait bien si ca arrivait, moi en tous cs je n'ai pas de probleme avec les homosexuels". Nous voila donc bien avances, evidemment.

N'en reste pas moins ceci :

Chapitre 7 du reglement de l'hotel de Lalibella ou je residais, seules des personnes de sexe oppose ont le droit de partager une chambre. Le message est clair. Vous remarquerez la subtilite de la formulation :"des couples de sexes opposes on le droit de partager une chambre", comme cette formulation est positive, aucun interdit, aucun rejet, pas meme un petit "only pairs of opposite sexes", comme c'est simple et limpide lorsque tout le monde est d'accord! Quelle parfaite harmonie, c'est beau, c'est beau...

Brest est partout

Je me promenais la semaine derniere du cote de Bahar Dar, aux bords du Lac Tana, et fis une excursion a l'est, vers les chutes du Nil, heureusement en pleines eaux, car c'est la fin de la saison des pluies. A l'entree du site, on vous fait payer un petit quelque chose, et quelle ne fut pas ma surprise, en entrant dans le bureau de la guichetiere, de voir ceci affiche sur la porte.


Tout d'abord, je n'ai pas bien fait attention, une reproduction d'une carte du lac Tana parmi les nombreuses affiches decorant cette porte... Mais quelque chose m' fait y regarder de plus pres, oui, c'etait ecrit en francais, c'est ce qui m'avait frappee, mais pas seulement... Plus de doute possible, c'etait bien ca :


Une affiche de Brest 2004, a l'entree des chutes du Nil. Voila.
Tout s'explique, certes, en 2004 l'Ethiopie etait l'un des pays invites a Brest, un village ethiopien avait ete monte et les bateaux typiques du lac Tana (en papyrus) y etaient presentes, tout s'explique, certes. Mais sur le coup, ca surprend tout de meme pas mal...

mercredi 19 octobre 2011

Temporalite et usages sociaux, 2

A Paris, nous sommes le 21 octobre 2011, il est environ 19h.
En Ethiopie, nous sommes le 8eme jour du deuxieme mois de l'an 2004, il est environ 2 heures.

Il n'y a qu'une heure de decalage horaire entre la France et l'Ethiopie.

Outre la caractere assez aleatoire de l'etat civil, les Ethiopiens ont conserve leur propre organisation du temps. N'ayant pas ete colonises, a peine 6 ans par les Italiens, personne ne leur a impose un autre systeme.

Le premier de l'an, c'est debut septembre. nous sommes donc dans le deuxieme mois de l'annee.

Les mois ethiopiens sont au nombre de 13 : 12 mois de 30 jours exactement, et un mois de 5 jours.

La proximite de l'Equateur donne une duree du jour egale tout au long de l'annee. Ici, pas de changement d'heure en fonction de la saison.

La premiere heure du jour est, logiquement, celle a laquelle le soleil se leve, entre 6 et 7 heures.
A 7 heures du matin, il est donc 1 heure. On va a l'ecole a 2 heures.

La journee dure 12 heures, jusqu'a 18 heures (0 heure), car il fait nuit entre 18 et 19h. Il est presque 20 heures (heure internationale), il est donc presque 2 heures de la nuit (heure ethiopienne), car cela fait 2 heures que le soleil est couche.


Nous sommes en 2004, car, de meme que les Russes et les Grecs, les Ethiopiens fonctionnent selon le calendrier Gregorien (des orthodoxes), de 7 ans anterieur au notre.

Tout pige?





Temporalite et usages sociaux

Momes du Simien, l'air aimable, ca fait plaisir...
En Ethiopie, surtout a la campagne, l'etat civil est un peu aleatoire, les momes ont donc environ un age donne.

Leur age est attribue a peu pres par les grands-parents et les parents, en fonction de l'environnement : "tu es ne apres l'arrivee de notre troisieme vache" ou "avant la construction de la route par les chinois".

La marge d'erreur est d'environ deux ans, en fonction des qualites memorielles des geniteurs ainsi que de l'occurence d'evenements marquants aux alentours de la naissance des bebes...

Rahel et Marlin

Mais meme en ville, l'age peut rester tres aleatoire : j'ai rencontre la moitie d'une classe de 3eme niveau (equivalent de notre CM1 je crois) a Axoum et les enfants avaient clairement des ages differents, parfois probablement plus d'un an. Pas evident de suivre pour les plus jeunes "biologiquement", surtout lorsque l'enseignement dans les ecoles publiques se resume parfois a coller les momes devant un programme TV concocte par les americains pour l'apprentissage a distance.

Au passage, sur la photo precedente, a droite, Marlin est la plus magnifique creature humaine rencontree sur mon chemin, un sourire a tomber par terre, des yeux marrons clair en amande tres prononces, bref, totalement incroyable. Et la photo ne lui rend pas hommage. J'ai rendez-vous demain matin dans sa classe parce qu'hier, elle m'a suivie avec sa copine dans la rue en me reclamant de l'argent et des crayons, et, par capillarite, dans la rue, tous ses copains, voyant qu'elles me suivaient, se sont dit qu'il y avait certainement un truc interessant a faire ou a voir avec la Farangi (moi), et se sont agglutines autour de moi, formant une escorte de 15 momes qui m'agrippaient le bras en en faisant des sourires pour m'amadouer au cas ou j'aurais des pieces dans la poche.

Les Axoumites rencontrant notre equipee sauvage dans la rue me regardaient de travers en se demandant de quelle vilaine facon je corrompais la jeunesse locale. Je repondais a leurs regards severes par des sourires stupides, et ce sur plus d'un kilometre, et moi qui cherche en general a ne pas attirer l'attention a l'etranger et a me fondre dans la couleur locale, patatras, j'ai ameute la moitie de la ville. Au moment d'arriver a mon hotel, la petite grappe refusait de me lacher en disant "give me pen, give me birr", j'ai essaye de baragouiner dans un langage improbable que meme si j'avais un crayon dans la poche, la, je n'en avais pas quinze et que pour des raisons d'equite, je ne saurais choisir un enfant plutot qu'un autre a qui donner le mien, et qu'un crayon etant difficilement partageable en 15, j'envisageais de me ravitailler en Bic des que possible et de passer deposer le tout a leur ecole.

L'incomprehension des cheres tetes brunes fut a son comble lorsque, leur ayant refuse de l'argent ou un crayon, je donnai un sou a un aveugle atteint de polio se trainant dans la rue : leur expliquer que lui n'avait plus la chance d'aller a l'ecole et que son seul moyen de survie etait la mendicite, mais qu'eux ne devaient pas devenir des mendiants avant l'heure, c'etait au-dessus de mes forces en matiere d'Amharique, et des leurs en matiere de patience et d'anglais.

J'ai donc fui sans demander mon reste en traversant la haie d'honneur de regards fixes et pleins d'incomprehension... J'ai achete 50 Bic tout a l'heure, a un prix totalement exorbitant (on comprend pourquoi les ecoles en manquent), et j'irai les donner a leur prof demain, en esperant qu'ils ne me retrouvent pas dans le rue d'ici-la, sinon je risque de passer un sale quart d'heure en explications de toutes sortes ;-)

Le point tourisme-info... Gondar

Ma mère s'est fait une entorse. Et puisqu’elle est apparemment infoutue de rester tranquille une demi-journée sans s'agiter en pensant que tout va se remettre en place tout seul, j'ai décidé d'affronter le café internet le plus lent du monde (c'est comme chez le dentiste, on vous fournit de la lecture entre le chargement de deux pages, pour écrire un mail il faut compter un demi "Voici" ou "Gala" version éthiopienne), afin de contribuer a la faire rester sur sa chaise au moins une demi heure sans bouger. Je ne vais dons pas faire dans le synthétique, ce qui m'arrange et c'est pour la cause maternelle.

Bref, je suis a Axoum, a l’extrême nord de l'Ethiopie. Mais je ne peux pas suivre les étapes en temps réel, mon voyage durerait six mois ou je passerais plus de temps dans les cafés internet que dans la ville.
Ces deux dernières semaines, outre le démarrage sur les chapeaux de roues dans le massif du Simien, j'ai traverse a rebours l'histoire de l'Abyssinie, puisque j'ai visite successivement les trois capitales du royaume, en commençant par la plus récente après Addis-Abeba : Gondar, cité de la dynastie solomonienne, des rois Fasiladas, Yesu 1er (qui fera l'objet d'un petit article a lui tout seul) et de la dynastie Solomonienne, de 1635 jusqu'en 1886 environ.

C'est Fasiladas qui ouvrit le bal gondarien au alentours de 1635, avec ce château, puis tous ses successeurs se firent construire un palais, pour faire comme papa, quoique celui de Fasiladas soit de loin le plus beau, et le plus impressionnant, avec ses portes de 5 mètres de haut taillées dans un seul bloc d’ébène... 

Pour résumer, l'histoire de cette dynastie n'a rien a envier a nos Medicis ou autres Thébains, Eghistes, Brutus and co. Ça se fratricidait, les parricides représentaient le taux de mortalité le plus élevé de la royauté, pour finalement obtenir le droit de mettre son palais a cote de celui de tonton, ou grand-papa. Il y a 6 châteaux en tout dans l'enceinte du centre ville de Gondar, mais il y a eu beaucoup plus d'empereurs (appelés Negus par chez eux), certains n'ayant pas eu la présence d'esprit de se méfier, ne serait-ce que le temps de la construction, de ce qu'ils buvaient, mangeaient, ou des allées dans lesquelles ils se promenaient un peu trop seuls...


Gondar est également célèbre parce que ces bigots d’éthiopiens fêtent tous les ans, lors du Timkat, début janvier, le baptême de Jésus, et jouent à l'eau un peu partout en Ethiopie, tout particulièrement à Axoum, où se trouve la grande piscine de la Reine de Saba, mais également à Gondar, ou la grande piscine ci-dessus (construite a l'époque de Fasiladas) remplie pour l'occasion leur sert de pataugeoire sacrée : les gens plongent avec ferveur dans ce ramassis de miasmes pour symboliser le baptême christique, et les autres sont juchés par centaines, voire par milliers, sur des gradins en bois pour les regarder crawler dans la sainte piscine.


Les gradins sont construits selon un mode architectural façon-façon typiquement africain, pas un clou, pas un bout de ficelle, ça tient, pourtant, (Inch Allah et jusqu’à preuve du contraire) et il vaudrait effectivement mieux que les gradins ne se fracassent pas en pleine célébration du baptême du Christ. Les orthodoxes, malgré leur légère tendance a tout symboliser et tout interpréter dans un sens religieux auraient certainement du mal à y voir la bienveillance divine...
Que l'on ne se meprenne pas sur mes intentions envers l'eglise orthodoxe, il s'avere simplement que l'orthodoxie ethiopienne commence legerement a me chatouiller les nerfs, ce qui fera egalement l'objet d'un article ulterieur a part entiere. 
Mais si l'on peut resumer, mon agacement s'oriente essentiellement vers le fanatisme et l'obscurantisme de certains pretres et croyants, le patriarchalisme sterile et revoltant de cette religion qui se pretend, bien evidemment, LA seule vraie religion, car l'oecumenisme est un terme qui ne doit pas encore avoir franchi les frontieres ethiopiennes, et la haine aveugle et sourde, a tout le moins le mepris ostensible envers le musulman et l'athee.

Ce qui ne me reconcilie decidement pas avec la religion... quoique les tres nombreuses histoires, legendes et recits qui composent la liturgie orthodoxe (beaucoup plus nombreuses que dans les autres religions) soient souvent tres droles, interessantes et instructives. Dommage qu'ils aient le nez colle a la Bible et autres textes religieux, ca gache un peu...

Tout a l'heure, un interlude temporaire...

samedi 15 octobre 2011

Carte SIM dans boites a chaussures

Mon numero de telephone est desormais le +251- 9-23-22-30-14.

En effet, apres avoir achete ma premiere carte SIM dans une echoppe de cordonnier, il fallut bien se rendre a l'evidence que si ce telephone paraissait a premiere vue normal, en revanche, ce type de carte n'etant plus en circulation sur le marche depuis au moins 10 bons mois, il etait fermement impossible de recharger sa carte, meme au pays de la negociation. Car meme en Ethiopie, on ne negocie pas avec une carte SIM.

J'ai donc achete une nouvelle carte SIM, chez un epicier, cette fois, qui semble fonctionner correctement.

En revanche, pas de photos aujourd'hui car je vous ecris du cafe internet ou la connexion est probablement la plus lente de la galaxie. J'ai bien mis 10 minutes a parvenir jusqu'a ce blog, inutile de risauer de faire planter le tout en telechargeant des photos.

La journee est chargee, je file au marche de Lalibella avant d'aller voir l'eglise Saint-Georges, avant de siroter un cafe dans le jardin extraordinaire de l'hotel Seven Olives, ou des glaieuls d'1m50 de haut aux feuilles geantes et rouges (si) font concurrence a des tas d'especes geantes que je ne connais meme pas de vue, agrementer de pinsons rouges, de merles jaunes et de dizaines de rapaces geants guettant tout ce joli monde  en surplomb...

Lundi, Mekele ou Aksoum, j'ai pas encore decide...

jeudi 13 octobre 2011

On me reproche...

... de ne pas inserer de photos d'ethiopiens sur ce foutu blog. Outre le fait que je repugne considerablement a me planter devant n'importe qui et de degainer mon appareil en lui disant "fais risette, c'est pour la posterite" (d'autant que je ne sais pas encore le dire en Amharique), j'imagine la tete de certains si un touriste de l'autre bout du monde venait dans les rues de Fougeres, Paris, Brest ou Saint-Lo pour lui tirer le portrait de facon indecente juste parce que ca fait plus joli sur son blog alors qu'il ne fait que vendre des bananes dans la rue pour recolter 3 sous.

Ici, c'est monnaie courante "parce qu'ils sont si authentiiiiiques", surtout dans les zones rurales, et les Ethiopiens, qui commencent a en avoir marre de ces gens qui, eux, on des conges payes, reclament de l'argent lorsqu'on les devisage sous toutes les coutures comme des betes de foire.

C'est plus vrai dans le sud du pays que dans le nord, cela dit.

Alors pour contenter la masse considerable de mes lecteurs avides de regards profonds et de traits Abyssins (;-), voici une belle photo d'Allali, notre scout durant le trek dans le Simien.


Pour partir dans le Simien, il est obligatoire d'engager un scout, c'est-a-dire un garde arme. Officiellement, Allali nous protegeait des betes sauvages. Mais la ferocite des babouins n'etant pas averee, bien au contraire puisque nous avons passe des heures a nous promener a leurs cotes pendant qu'ils se grignotaient mutuellement les poux, et les loups d'Abyssinie fuyant au moindre bruit, il faut imaginer d'autres raisons, la plus probable etant que l'afflux touristique est une bonne occasion de creer de l'emploi, ce qui me parait etre la meilleure raison possible.

Cela dit, Allali servait egalement de voiture-balai pour les traine-savates qui faisaient des pauses un peu trop souvent (moi et Kathie, l'Amerloque), et a la fin de la derniere ascension (4430m), il gambadait comme un cabri alors que nous nous accrochions a chaque brin d'herbe pour trouver un appui, pretextant de faire des photos toutes les 30 secondes pour souffler, il a porte nos sacs et nous pousses jusqu'au sommet en rigolant...

C'est tout pour aujourd'hui, la connexion internet est beaucoup trop aleatoire et en plus c'est l'heure d'aller manger.

lundi 10 octobre 2011

Puces, sport et botanique

Retour des montagnes du Simien, ce pays est decidement incroyable : un des rares lieux ou l'on peut attraper en meme temps des coups de soleil de competition et un rhume carabine, quel pays magique...

(et ce malgre une creme 50+ et un chapeau, mais passe 3500m d'altitude, la creme solaire, ca devient aussi efficace que de la creme hydratante...)

On dort sous la tente, il fait -2, -3 degres la nuit, 25 le jour, des douches nulle part, on nage dans sa crasse mais on est vachement contents...
"on", c'est la petite troupe de voyageurs en solitaire qui s'est agglutinee pour partager les frais de ce voyage rock'n roll mais pas trop : un guide, un garde arme (qui fera l'objet d'un article ulterieur), un cuisinier, un assistant cuisinier (faut bien creer de l'emploi), des mules et des muletiers pour porter notre bazar, un 4x4 avec chauffeur pour nous amener jusqu'au parc depuis Gondar, et je dois en oublier...

 Voici Kathie et Ben (gauche et droite) deux americains, et Alex, l'autre frenchie, devant une tasse de cafe apres notre premier jour de marche.

Je m'etais promis de ne pas attraper la tourista, ni la fievre jaune, ni la malaria, en revanche je n'avais pas vraiment compte avec les puces, les hemorroides ni le mal des montagnes... Impossible ici de trouver de quoi se debarrasser des puces, je me contente d'une creme apaisant les morsures, et pour le mal des montagnes, faut avouer que j'ai passe l'une des pires nuits de ma vie, j'ai cru crever 15 fois, un mal de tete a se casser le front sur les murs, ou plutot sur la toile de tente, nausees, vomissements, tremblements, confusion, l'horreur totale. Le lendemain, tout etait rentre dans l'ordre et voila qui j'ai croise sur mon chemin :


Ce charmant male dominant s'appelle le babouin Gelada, une espece endemique du Simien, comme quasiment toute la faune de ces montagnes.


Il etait la avec toute sa petite famille, environ une cinquantaine d'individus au bas mot, et plethore de bebes de 2 ou 3 semaines (fin de le saison des pluies, tres favorable pour elever des petits), je rapporte dans mon sac des videos incroyables, car ces singes ne sont pas farouches du tout, et si les males se castagnent a longueur de temps pour savoir qui c'est le plus fort, ils daignent a peine nous decocher un regard lorsqu'on traverse leur horde. Fait remarquable, ils fuient lorsque les ethiopiens les approchent, mais sont tres calmes lorsque les blancs les approchent : longtemps chasses pour leur fourrure, les babouins gelada gardent apparemment, de generation en generation, la crainte de ces hommes qui leurs tiraient dessus, et font nettement la differerence entre ces cretins de blancs qui font des "haaaaaaa"et des"hooooooo" beats d'admiration et les ethiopiens qui leurs couraient apres pour d'autres raisons jusqu"a il n"y a pas si longtemps...

Il fallait choisir entre ne pas perdre de vue le guide et mitrailler dans tous les sens, je n'ai donc pas eu l'occasion de shooter tous les oiseaux incroyables qu'il y a par la bas, des vautours immenses, des gypaetes barbus, des aigles, des busards, mais ma preference a ete a cette bande de messieurs en fort grand nombre :


Ce sont des corbeaux, mais ils font environ 1m d'emvergure, au bas mot et vous passetn au-dessus de la tete en rase-mottes des que vous vous asseyez quelque part......

Et, le meilleur pour la fin, apres avoir gravi le mont Imeth Gogo (3600m), le mont Inatye (4070m) , le dernier jour, nous sommes montes sur le mont Buahit, qui culmine a... 4500m d'altitude, 700m de denivele en 4h de marche, autant vous dire que cela ne m'a pas franchement reconcilie avec le sport... a la fin, le guide a porte mon sac, et me poussait dans le dos pour que j'avance, il en avait ras le bol de m'attendre alors que les autres etaient deja arrives en haut depuis au moins 40 minutes... J'avais mal aux cuisses, merde alors...

la fin de la saison des pluies correspond a la periode la plus intense de la floraison, et j'ai ramasse des graines, pour voir si la flore est capable de s'adapter a un changement d'altitude de 4000 a 0 metres: bientot nous verrons peut-etre en Normandie de l'aloe vera, des "red hot pocker", impossible de trouver la traduction en francais, et des Lobelia geants:


J'oublie deja des tas de choses, les bouquetins, le loup d"Abyssinie dont je n'ai entendu que les cris dans la nuit, les enfants eleveurs de vaches, moutons et chevres, que les parents n'envoient pas a l'ecole parce qu'ils representent une main d'oeuvre gratuite des qu'ils peuvent marcher pour garder le betail, etc, etc...
en conclusion, voila :




Au prochain episode, vous saurez tout sur le garde arme (scout), les enfants des montagnes et les relations entre Ethiopiens et Ferenji (c'est nous)

mercredi 5 octobre 2011

Mais j'apprehendais quoi, au juste, deja??

Premier message sur sol ethiopien apres presque 24 h de voyage, et c'est officiel, vous vous passerez d'accents de tous genres durant quelques semaines sur ce blog, c'est un massacre certes mais on s'adapte...

Ici Gondar, a peine une demi journee en Afrique et j'aurais deja de quoi remplir mon carnet...

On va faire court : les seuls animaux que je connais ici sont des chevres, mais elles dorment sous des camions gares au milieu des routes.

Il parait que l'Ethiopie fait partie des 10 pays les plus pauvres du monde, mais si ce calcul ne prenait pas en compte que le PIB/habitant, mais, par exemple, l'hospitalite, la gentillesse, la sollicitude, et comptait les mains tendues vers les autres plutot que les dollars qu'ils n'ont pas dedans, ce pays remonterait en fleche dans le classement.
Tout va bien, je recupere encore un peu du voyage et je raconte d'autres histoires...

Mon numero ethiopien, j'allais oublier :

00251 9 18 50 86 97