mardi 25 octobre 2011

Point info-tourisme, 2

Aprèsavoir explore Gondar, je suis descendue en bus a Bahar Dar, capitale de la région Amhara, avec Kathie, ma copine américaine. Ce n’était pas ma destination a l'origine, mais Kathie a eu raison de mon programme en m'amadouant avec de la crème anti-moustiques distribuée généreusement a la fin de chaque journée.

Bahar Dar a ceci de particulier qu'elle est située qu bord du lac Tana, le plus grand lac d'Ethiopie, et que ses berges et les myriades d'iles qui le composent hébergent une quarantaine de monastères, et quelques groupes d'hippopotames, dont je n'ai malheureusement pu apercevoir qu'une moitie d'oreille et un souffle rageur a 200 métres...



Le lac et les monastères s'explorent en bateau, occasion rêvée pour l'arnaque des touristes, ce qui fut d'ailleurs notre cas le premier jour, car il ne faut jamais être pressé par ici, c'est la meilleure façon de se faire rouler dans la farine. (Si d'ailleurs quelqu'un a d'aventure l'occasion d'avoir affaire a un type qui se fait appeler Abel et rabat son poisson du cote de l’hôtel Bahar Dar, donnez-lui une claque sonore et douloureuse de ma part...)


L'histoire veut que les monastères du lac aient été construits entre le XIVeme et le XVIeme siecle, mais la légende nous dit que l'un des monastères du lac aurait hébergé les Tables de Lois lorsque Menelik a rapporte l'Arche d'Alliance en Ethiopie après l'avoir volée - ou "empruntée"- a son père Salomon (le détail de cette histoire sera conté dans un prochain chapitre axoumite), c'est-a-dire vers le Xeme siècle avant J.C.

Tout ceci fait de ce lieu un pôle de bigoterie orthodoxe tout particulier, d'autant que les monastères, protégés par la jungle de ces îles a la végétation luxuriante, ont été un pôle défensif de résistance du christianisme éthiopien contre les nombreuses attaques prosélytes et musclées des musulmans (ceci explique également pourquoi tant d’églises et monastères sont perchés dans les recoins de montagnes inaccessibles). Des milliers de gens vivent en communauté dans ces îles, selon un mode de vie très traditionnel et religieux, a proximité des monastères. Ils travaillent bénévolement pour l’église, en construisant par exemple le nouveau musée du monastère Ure Kidane, dont je doute que les habitants voient un jour la couleur de l'argent récolté par les prêtres grâce aux entrées vendues aux touristes a des prix tout ce qu'il y a de plus occidental.

Bref.

Les monastères et églises ont tous la même forme ronde de l’extérieur, reconnaissable entre toutes.

















Une première entrée donne sur un chemin circulaire couvert, en terre battue recouverte de tapis bariolés ou de papyrus tressés.



Ure Kidane

Puis s'ouvre une deuxième entrée, souvent sous la forme d'une porte monumentale en bois, sculptée par endroits.




Cette porte mène a l’intérieur de l’église proprement dite, encerclant le cœur, de forme carrée, richement décoré, sculpté ou peint, de l’extérieur et parfois de l’intérieur.

Cette structure entoure le saint des saints, espace réservé aux prêtres et a certaines personnes particulières, abritant les 'Tabot' - reproductions des Tables de lois- et objets du culte.


L'art éthiopien est très spécifique, surtout avant le début des échanges commerciaux intensifs avec les Portugais, qui ont également influence leur peinture, quoiqu'en des proportions restreintes.

Sur la fresque ci-dessous, a gauche, le style d'avant les Portugais, et sur la droite, le style d’après, vous remarquerez que les visages sont devenus blancs....


Mais ces visites ont surtout été l'occasion de découvrir les histoires incroyables des orthodoxes, qui croient non seulement dans la Bible, mais également dans 44 textes chrétiens supplémentaires, non reconnus par les autres chrétiens, ce qui donne une couleur très particulière aux récits qu'ils font de leurs légendes religieuses.

Bible en peau de chèvre écrite en Guèze, la langue sémitique qui n'est plus utilisée que par les religieux
Sans parler des légendes et croyances propres a l'Ethiopie, réunies dans un recueil qui s'appelle le Kebra Negast -La gloire des rois- et (re)constitue l'histoire légendaire du royaume d'Abyssinie.

La prochaine fois je vous raconterai l'histoire de l'homme cannibale, elle est pas mal. 



Les prêtres d'ici, beaucoup plus présents que chez nous, guettent les photographes amateurs et monnaient leur présence dans le cadre, en demandant une obole pour eux, et une obole pour le tronc de l’église. Ils ont l’œil vif mais je dégaine vite... Celui de droite, plongé dans un livre, ne lit pas vraiment mais nous surveille du coin de ses lunettes, et a exactement les memes mimiques hilarantes que de Funes dans La folie des grandeurs, plie en 8, le nez sur le tapis, le sourire affable, "Messeigneurs, Messeigneurs, hinhinhinhinhin, pensez-aux cuuuuulte", en vous tirant par la manche, penchant la tête sur le côté en faisant le pitoyable...

Pour finir, nous sommes rentres en bateau a travers des méandres bordes de papyrus, mais j'ai résisté a l'envie d'en cueillir, car même si c'est particulièrement leger, je me vois mal rapporter ca dans l'avion, et je doute qu'une plantation de papyrus dans une mare normande ait franchement de l'avenir.



Enfin, et la boucle sera bouclée pour aujourd'hui (je fais mon maximum, ma mère est toujours clouée au lit), le bateau nous a déposés directement a l’embarcadère de de l’hôtel Ghion, dont la terrasse est le plus merveilleux endroit de l'univers, lorsque l'on dispose d'une bonne lotion anti-moustique car elle donne directement sur le lac. 

Kathie a beaucoup de qualités, mais question éclairage, merci bien...


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