mercredi 19 octobre 2011

Temporalite et usages sociaux

Momes du Simien, l'air aimable, ca fait plaisir...
En Ethiopie, surtout a la campagne, l'etat civil est un peu aleatoire, les momes ont donc environ un age donne.

Leur age est attribue a peu pres par les grands-parents et les parents, en fonction de l'environnement : "tu es ne apres l'arrivee de notre troisieme vache" ou "avant la construction de la route par les chinois".

La marge d'erreur est d'environ deux ans, en fonction des qualites memorielles des geniteurs ainsi que de l'occurence d'evenements marquants aux alentours de la naissance des bebes...

Rahel et Marlin

Mais meme en ville, l'age peut rester tres aleatoire : j'ai rencontre la moitie d'une classe de 3eme niveau (equivalent de notre CM1 je crois) a Axoum et les enfants avaient clairement des ages differents, parfois probablement plus d'un an. Pas evident de suivre pour les plus jeunes "biologiquement", surtout lorsque l'enseignement dans les ecoles publiques se resume parfois a coller les momes devant un programme TV concocte par les americains pour l'apprentissage a distance.

Au passage, sur la photo precedente, a droite, Marlin est la plus magnifique creature humaine rencontree sur mon chemin, un sourire a tomber par terre, des yeux marrons clair en amande tres prononces, bref, totalement incroyable. Et la photo ne lui rend pas hommage. J'ai rendez-vous demain matin dans sa classe parce qu'hier, elle m'a suivie avec sa copine dans la rue en me reclamant de l'argent et des crayons, et, par capillarite, dans la rue, tous ses copains, voyant qu'elles me suivaient, se sont dit qu'il y avait certainement un truc interessant a faire ou a voir avec la Farangi (moi), et se sont agglutines autour de moi, formant une escorte de 15 momes qui m'agrippaient le bras en en faisant des sourires pour m'amadouer au cas ou j'aurais des pieces dans la poche.

Les Axoumites rencontrant notre equipee sauvage dans la rue me regardaient de travers en se demandant de quelle vilaine facon je corrompais la jeunesse locale. Je repondais a leurs regards severes par des sourires stupides, et ce sur plus d'un kilometre, et moi qui cherche en general a ne pas attirer l'attention a l'etranger et a me fondre dans la couleur locale, patatras, j'ai ameute la moitie de la ville. Au moment d'arriver a mon hotel, la petite grappe refusait de me lacher en disant "give me pen, give me birr", j'ai essaye de baragouiner dans un langage improbable que meme si j'avais un crayon dans la poche, la, je n'en avais pas quinze et que pour des raisons d'equite, je ne saurais choisir un enfant plutot qu'un autre a qui donner le mien, et qu'un crayon etant difficilement partageable en 15, j'envisageais de me ravitailler en Bic des que possible et de passer deposer le tout a leur ecole.

L'incomprehension des cheres tetes brunes fut a son comble lorsque, leur ayant refuse de l'argent ou un crayon, je donnai un sou a un aveugle atteint de polio se trainant dans la rue : leur expliquer que lui n'avait plus la chance d'aller a l'ecole et que son seul moyen de survie etait la mendicite, mais qu'eux ne devaient pas devenir des mendiants avant l'heure, c'etait au-dessus de mes forces en matiere d'Amharique, et des leurs en matiere de patience et d'anglais.

J'ai donc fui sans demander mon reste en traversant la haie d'honneur de regards fixes et pleins d'incomprehension... J'ai achete 50 Bic tout a l'heure, a un prix totalement exorbitant (on comprend pourquoi les ecoles en manquent), et j'irai les donner a leur prof demain, en esperant qu'ils ne me retrouvent pas dans le rue d'ici-la, sinon je risque de passer un sale quart d'heure en explications de toutes sortes ;-)

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