mercredi 14 décembre 2011

Ce plat pays qu'est l'Ethiopie...

Depuis mon retour, j'ai laissé un certain nombre d'articles en plan, happée par un quotidien qui se réinstalle si vite et si bien que l'on ne peut plus lever l'ancre sans effort.

Pour s'y replonger, il faut repartir en Afrique, voir et entendre, à défaut de sentir. En route, donc, pour 160 secondes sur la route de Gondar à Débark, en direction du Parc du Simien.





A mon retour, j'ai été assez frappée de l'image spontanée qu'évoquait l'Ethiopie dans mon entourage.

Reprenons depuis le début : premièrement, l'Ethiopie n'est pas un plat pays qui s'étend langoureusement vers la mer Rouge, avec des côtes sableuses et ensoleillées.
L'Ethiopie n'a plus d'accès à la mer depuis la guerre compliquée et fratricide qui l'a opposée à l'Erythrée, qui, avec son indépendance, a privé l'Ethiopie de 1150 km de côte sur la mer Rouge. Annexée par l'Ethiopie en 1962 et devenue indépendante en 1993, l'Erythrée a dès lors souvent dû défendre sa souveraineté par les armes, particulièrement entre 1998 et 2000, contre les velléités d'annexion éthiopiennes.



La tension persiste, raison pour laquelle, bien que l'on ne puisse parler de guerre, cette zone frontalière est fragile, instable : les Ethiopiens considèrent que l'Erythrée et l'Ethiopie forment une seule et même entité culturelle, religieuse et linguistique, et d'un point de vue stratégique et économique qu'un accès de 1000 km à la mer Rouge ne serait pas superflu plutôt que de faire acheminer les container par Djibouti.



Plaines (hauts plateaux) du Tigré, monastère orthodoxe, à l'horizon, la frontière érythréenne

Ensuite, l'Ethiopie n'est pas un pays foncièrement instable, au bord de la guerre civile, où l'armée se promènerait dans les rues, armée jusqu'aux dents prête à bondir. Si, bien sûr, la reconnaissance de la frontière avec l'Erythrée est un processus compliqué, l'Ethiopie est associée à tort à ses voisins plus instables, la Somalie (bien que le Somaliland fasse tampon entre les deux), le Soudan, etc.
Mais si les tensions entre le gouvernement central et certaines régions (l'Ethiopie est un pays fédéral) rend certaines zones impraticables, l'Ethiopie est un pays pour l'instant stable, aux relations pacifiques -du moins diplomatiques- avec ses voisins.
Stable ne signifiant pas démocratique, pas encore, cette stabilité dissimulant à peine un régime sans alternance politique, bien qu'il ne s'agisse pas d'une autocratie militaire.
Stable signifiant simplement que l'on peut se rendre sans danger dans la majeure partie du territoire Ethiopien, même seul(e), à condition de s'être un minimum informé au préalable.

Sans rentrer -du moins pas tout de suite- dans les questions sociales, économiques et les rapports interculturels qui ne sont pas toujours simples, il ne faut pas sous-estimer que l'Ethiopie est surtout un pays truffé d'endroits où il fait très bon vivre, de cafés où tout n'est que calme et volupté, et ce luxe n'est pas réservé aux quelques touristes qui s'aventurent jusque là, mais fait résolument partie du mode de vie des Ethiopiens  :

Un café à Dire Dawa où l'on ne sert... que de l'eau... mais pétillante, et locale!

On ne vient donc pas ici pour ce qu'il y a à boire...

... pas plus que l'on ne vient au Parc Ezana d'Axoum uniquement pour le café...

Enfin, dernière idée préconçue (ou pas conçue du tout plutôt) qui ne survivra pas à ce post : l'Ethiopie n'est pas un plat pays au ciel si bas qu'un canal s'est perdu mais un immense territoire aujourd'hui aussi vaste que l'Allemagne et la France réunies, que la grande faille du Rift est-africain a sculpté à la truelle. Des hauts-plateaux et montagnes titanesques surplombent les nuages, et par endroits, la croûte terrestre, s'affinant au creux de la grande faille, s'enfonce à plus de 100 m sous le niveau de la mer tandis que des volcans, parfois encore en activité, serpentent du nord au sud dans l'est du pays.

De l'avion, quelque part entre Gondar et Axoum

Dans le massif du Simien, le Ras Dashen culmine à 4600 mètres, juste au dessous du niveau du Mont-Blanc, c'est le 4ème pic le plus haut d'Afrique. Outre le Ras Dashen, la majeure partie du pays, au nord, est une immense succession de hauts-plateaux à une altitude située entre 1800 et 3000 mètres, parfois plus, rythmés de pics et brusques dépressions que les eaux de ruissellement annuelles ont creusé dans le basalte avec constance depuis des millions d'années, formant des paysages reconnaissables entre mille.



Dans le Simien

Et la traditionnelle grande plaine où pait le bétail est plutôt en Ethiopie un immense plateau perdu dans les nuages à environ 1 kilomètre de dénivelé abrupt du palier d'en dessous.


Nettement plus au sud, Addis-Abeba, située entre 2300 et 2600 mètres d'altitude est donc la capitale la plus haute d'Afrique, et la 4ème capitale la plus haute du monde.


Addis, au creux des montagnes, au pied du Mont Entoto

L'immensité du territoire éthiopien, de -120 à 4600m d'altitude, fait que l'on passe du désert du Danakil à la végétation luxuriante des bords du lac Tana, des massifs montagneux à la vallée de l'Omo : peu de pays présentent une telle diversité de climats et de conditions de vie, des plus douces aux plus difficiles, déserts ou hauts plateaux.

Ni un grand désert, ni une grande savane, l'Ethiopie...













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